Incendie 14 rue St-Pierre St-Constant

Incendie 14 rue St-Pierre St-Constant

| TÉMOIGNAGE

Voici un texte écrit par le propriétaire d’un des commerces touché par l’incendie du 17 février. Voici ce que M. Sébastien Rousseau de Mode-O-Max avait à dire:

À travers les épreuves et les obstacles que la vie nous présente, on a parfois la chance de rencontrer des gens d’exception. Ce soir je veux vous parler rapidement de ma  »rencontre » avec cet homme, ce photographe. Je met le mot  »rencontre » entre guillemets parce qu’en fait je l’ai jamais rencontré officiellement en personne, bien que je me sois retrouvé aux mêmes endroits que lui, dans certains cas en même temps que lui et dans les mêmes circonstances que lui. On a vécu des événements tragiques ensemble, mais de deux points de vue différents.

Il est photographe. Un vrai. Un pro. Journaux connus et stations de télé, évènements et tragédies, scènes de crime et incendies… name it. Pas le gars qui prend son assiette en photo pour flasher sur InstaGram. Pas de portraits de centre d’achats ou tout le monde dit  »cheese ». Pas de photos de mariage dans des champs de lavande. Que du cru.

Il voulait à peine que je parle de lui. Au moment ou j’écris ce texte, je sais même pas s’il va l’approuver. Des gars comme lui on connaît pas ça. On voit leurs photos un peu partout sans savoir qui ils sont parce qu’on prend pas le temps de lire le petit sous-titre en dessous des images dans les articles. Ils sont nos yeux, mais passent souvent après le TITRE EN GRAS et le nom du journaliste connu.

Il a couvert l’accident de moto tragique de mon associé et ami Michel Dulac en septembre dernier. La fameuse photo des bouquets de fleurs que vous avez laissé au pied de la porte de notre commerce, cette photo qui a fait le tour du web et surtout de notre communauté, c’est lui. Il m’a aussi avoué avec retenue et prudence avoir capturé des images plus graphiques de la scène de l’accident. Je n’ai pas demandé à les voir pour des raisons évidentes. On est loin de la rigueur journalistique du gars qui prend son  »tomahawk » en photo au resto et qui parle du 65$ que ça lui a coûté sur Facebouffe.

Dimanche dernier il était sur les lieux de l’incendie qui a rasé l’immeuble abritant notre boutique, le commerce de mes voisines, le logis d’un homme âgé et le futur projet d’affaire d’un jeune entrepreneur motivé (j’y reviendrai dans un autre statut). Gros  »kodak » et gros  »kit », l’objectif long comme un canon.
Il vivait avec moi pour une seconde fois la tragédie. Nous deux inconnus, témoins du même truc avec deux points de vue différents pour la deuxième fois en cinq mois jour pour jour.

Aussi gros que son  »kodak » puisse être, une chose est sûre, il ne sera jamais plus gros que son coeur. Connu dans le domaine de l’urgence depuis des années, il est bénévole pour les pompiers auxiliaires de l’UCMU. Si vous savez pas c’est quoi, je vous en veux pas parce que moi non plus je savais pas ! ( https://ucmu.com/a-propos/ ). Mais quand j’ai lu j’ai compris pourquoi le véhicule 1320 était sur les lieux de notre sinistre. Café, biscuits, grilled cheese et autres, tant pour les sinistrés que les unités d’interventions. Il est également bénévole en communications d’urgence pour la sécurité civile du Québec. À l’occasion ses photos sont retenues dans le cadre d’enquêtes. Il trouve le temps de faire tout ça en marge de sa vie de père de trois filles. Un  »dude » humain qui refuse l’image du photographe avare qui veut se remplir les poches avec ses photos.

Quand je lui ai demandé si je pouvais utiliser les photos qu’il m’a envoyés il m’a répondu simplement :  »Je veux seulement te faire plaisir, je suis comme ça dans la vie ».

L’essentiel de nos échanges s’est fait par texto, à l’exception de quatre messages vocaux. Quand je lui ai dit que je voulais parler de lui et de ses photos sa réponse fut humble. Une intonation de surprise, mélangée à un  »motton dans la gorge ». Il veut pas donner pour recevoir. Sa passion pour la photo est profonde. Le résultat de ses propres tragédies personnelles ; lui aussi il en compte deux.

Malgré son vécu, il trouve ça malheureux ce qui m’arrive. En parlant de ses photos il dit qu’il ne fait que partager  »ce qui me revient et que c’est normal’’.

Après lui avoir soumis ce texte pour approbation il m’a répondu que c’était un peu GROS pour décrire le peu qu’il fait. Il croit que ce qu’il fait, n’importe qui peut le faire. Il dit que c’est un peu trop en comparaison avec ce qu’il est, selon lui, juste un ‘’preneu de photos’’. Il m’a dit qu’il allait aviser Danis Séguin, directeur de l’UCMU. Il a souligné le travail de Denis Germain, photographe et ami qu’il admire pour ses photos sublimes.

Son premier réflexe en lien avec un texte qui parle de lui fut de parler de ses acolytes…

Je tien à le saluer et par le fait même saluer le travail des pompiers, des auxiliaires et des bénévoles. Tant ceux et celles qu’on peut voir sur ces photos que ceux et celles qu’on ne voit pas. Ces gens qui font passer la vie des autres avant la leur et qui trouve ça normal comme s’ils étaient juste des ‘’sauveux de vie’’.

Une photo parle… Il faut l’écouter. J’en partage quelques-unes ce soir et possiblement d’autres ultérieurement.

Je vous ai parlé de Erick Rivest, père, bénévole et juste un petit peu photographe lol!

YouTube : https://www.youtube.com/user/Erickve2elp
IG : https://www.instagram.com/erickrivest/